Cet article est le premier d’un dossier consacré au thème de la « Smart City » dans le cadre de la conférence qui sera menée par ATECNA le 13 novembre prochain à l’EBG.
Les professionnels de la définition indiquent que : « L’isolement est le constat d’une situation dans laquelle un individu est séparé de gré ou de force du reste de son environnement habituel. Certaines formes d’isolement peuvent être à la source d’un état pathologique de solitude. »
En effet, il y a de plus en plus de personnes seules comme les étudiants, les célibataires, les divorcés, les personnes âgées, et par conséquent l’isolement est inévitable.
L’isolement : une fatalité ?
Non, car vivre seul ne signifie pas obligatoirement se sentir seul.
Au contraire, on peut se sentir seul en étant pourtant très entouré et avoir une vie sociale développée.
Un Français sur dix est concerné par l’isolement, soit 10% de la population ! Il est vrai que la France est un pays rural dans lequel 40% de la population vit hors des villes, ce qui explique ce chiffre important.
Mais paradoxalement, l’isolement touche principalement les villes, là où tout la population se concentre… et s’isole.
La ville a la spécificité d’accueillir de nombreuses personnes seules.
Car oui, nous pouvons être nombreux… mais seuls.
Certaines personnes vivent parfois dans un profond sentiment d’isolement. La solitude peut ainsi être liée à différents facteurs : vieillissement, désocialisation liée à l’emploi, ruptures familiales, déracinement…
Comment l’isolement se forme-t-il et pourquoi est-il aggravé par les villes ?
L’individualisme
Ce n’est pas une nouveauté : nous évoluons dans une société de plus en plus individualiste. La préoccupation personnelle passe loin devant l’intérêt collectif.
Nous cherchons le bonheur matériel et affectif presque au détriment de celui des autres, et ce dans la plupart des situations, tant professionnelles que personnelles.
Le Digital : entre lien social et fracture sociale
Facebook, Instagram, LinkedIn, messageries instantanées, sites de rencontres : nous n’avons jamais autant communiqué. Chacun d’entre nous met sa vie en scène sur la toile, mais plus personne ne se parle. Jusqu’à remplacer la rencontre de ses proches contre un partage de photos sur Instagram…
Les liens sociaux sont la plupart du temps superficiels, fugaces et virtuels mais la solitude, elle, est bien réelle.
Bien sur, ces réseaux sociaux peuvent parfois être vecteurs de lien social. Cependant la génération « senior » est encore en 2019 la moins à l’aise avec le Digital, ce qui accentue technologiquement l’isolement.
L’organisation du territoire de la ville
Les villes sont aujourd’hui agencées en quartier : Habitation, Travail, Centre commercial et quartier de détente / sport.
Nous évoluons de quartier en quartier, mais quand nous y sommes, on n’entre pas ou peu en interaction avec leurs individus. On ne fait que consommer le service, pour vite revenir dans notre quartier d’habitation.
Pourquoi y remédier ? Et pourquoi est-ce un enjeu pour les villes ?
Un rapport du CESE (Conseil économique, social et environnemental) rappelle que « l’isolement est un important déterminant de santé, qui « accélère les pertes d’autonomie, provoque dépressions et suicides et entraine de nombreux dysfonctionnements dans les modes de prise en charge par les collectivités. » Autant de facteurs qui incitent à considérer la lutte contre l’isolement social comme un enjeu de santé publique.
La ville doit alors prendre en charge cet enjeu
Pour Peter Mangan, « la solution n’est pas de créer des clubs pour personnes seules et tristes, il faut implémenter de la joie dans l’espace public et penser des espaces de rencontre favorables. »
J’abonde dans ce sens et selon moi, qu’il faut en effet mixer les quartiers, pour mélanger habitations, commerces, bureaux, crèches, écoles, hôtels, résidences étudiantes, etc. Et ainsi créer une multitude d’interactions possibles dans son environnement proche.
Mais des aménagements moins coûteux peuvent aussi s’avérer bénéfiques, comme simplement installer des bancs publics pour inciter les personnes à s’assoir et se rencontrer.
Evidemment la technologie digitale peut aider. En effet, il existe une multitude d’acteurs de quartier et d’immeubles qui facilitent la création de lien social, en proposant des services mutuels :
- Un bon nombre d’entreprises ont développé des applications de quartier. Celles-ci nous mettent en relation avec les personnes proches de chez nous pour s’aider mutuellement, bricoler, se faire livrer ses courses, etc (Exemple : Allovoisins.com).
D’autres nous permettent de rencontrer des gens d’autres horizons comme Couchsurfing, Eatwith ou encore Blablacar. - Certaines villes redynamisent leurs quartiers en repensant la circulation, en incitant les petits commerçants à s’installer, mais aussi en communiquant avec ses habitants et en créant des événements (braderie, afterwork, concours photo, concours sportif …).
- Les villes interrogent leurs habitants pour développer des projets via des plateformes collaboratives, en générant des budgets participatifs. Cela peut aboutir entre autres à la création d’espaces de vie, que ce soit des petits squares avec des bancs, des parcs santé, des pistes cyclables ou encore des potagers.
- Des associations développent des espaces dédiés à la rencontre et à l’échange de services comme la réparation d’objets avec Repair Café. D’autres accompagnent individuellement des personnes en situation d’isolement.
- Enfin, des habitants participent aux ateliers de la ville en organisant la fête des voisins, en utilisant les services de quartier mis à leur disposition créant ainsi une relation forte avec les commerçants.
Pour solutionner l’isolement, engageons le collectif !
Le collectif doit générer des actions citoyennes pour permettre de se sentir acteur, et pas simple consommateur de son quartier. Les populations ( et plus particulièrement les jeunes générations) sont naturellement bien sensibilisées à agir contre les incivilités et l’individualisme pour créer du lien social, mais ils sont trop peu nombreux à l’heure actuelle.
Notre société est bien trop souvent individualiste. Nous avons tous en tête de réduire notre consommation qu’elle soit énergétique ou alimentaire et réduire la pollution, mais pas au détriment de notre propre confort.
Pour s’assurer d’une réussite l’ensemble de ses acteurs (villes, entreprises, associations et habitants) doivent s’engager et penser collectif.
Selon moi, pour combattre l’isolement il faut écouter les irritants de l’ensemble des acteurs pour ensemble repenser une ville responsable et inclusive. 🌃🧡